Du déjà-vu à travers l’Amérique? Le natif du Québec demandait en anglais aux membres d’un groupe Facebook regroupant une multitude de Franco-Américains ce qu’ils souhaiteraient dire aux Québécois. Voici ma réponse.
Je mets parfois l'accent sur la survie considérable de la langue et de la culture du Québec dans la région de la Nouvelle-Angleterre. J'insiste aussi sur la perte de la langue et les effets de la perte de la culture et de l'assimilation sur les gens. Les deux réalités coexistent, et celle de « l’assimilation » est beaucoup plus complexe qu'on imagine. En 1970, il y avait 764 443 personnes en Nouvelle Angleterre, qui parlaient le français comme langue maternelle (Source : le recensement de 1970). Cela un siècle après les débuts d’une immigration massive et permanente des Canadiens-Français originaires du Québec.
Malgré de nombreuses tentatives pour assimiler les franco-américains, la survie dans cette région a été impressionnante. Même ceux qui ne parlent pas français ont conservé en grande partie la culture traditionnelle dans leurs pratiques religieuses, la cuisine, le folklore, les fêtes, la musique, les attitudes et croyances, l’histoire des familles, etc. Quatre cents ans de culture francophone ne disparaissent pas aisément.
Statue à Nashua, New Hampshire, honorant les travailleurs canadiens-français dans les usines au cours des XIXe et XXe siècles. |
L'assimilation n’opère toutefois pas comme les gens pensent généralement. Ce qui se passe vraiment quand une minorité entre en contact avec une culture comme celle des Etats-Unis est une négociation complexe se déroulant entre la culture dominante et celle de la minorité (l’historien franco-américaine Mark Paul Richard a écrit à ce sujet dans son livre « Loyal But French »).
Différentes familles négocient leurs conditions de différentes manières. En cas de perte d'un marqueur culturel majeur comme la langue, la culture tend alors à entrer dans la clandestinité. Elle devienne « subterranenean » (en référence à l’ouvrage de Kerouac) et les négociations entre la culture de la minorité et la culture dominante s’individualisent.
Il s'agit de l'étape d'assimilation de ma famille lorsque mes parents ont déménagé tout d'abord des enclaves franco-américaines dans le Maine à la grande ville de Boston et puis quand ma famille a déménagé vers les banlieues. Les gestes et les paroles de ma famille étaient visiblement issus des cultures du Québec et de l'Acadie (ma grand-mère maternelle était Acadienne, mes autres grands-parents avaient des racines au Québec). Mais la culture était hors contexte et ce que faisait ma famille n’était pas nécessairement reconnu, même par nous-mêmes, dans le cadre d'une culture plus large parce qu'on parlait anglais chez nous.
Revenons à la question originale « ce que nous souhaiterions dire aux québécois? ». Je voudrais leur dire que le danger de l'assimilation et la perte de la langue sont réels et que cela peut commencer à se produire très rapidement. En conséquence, j'applaudis les efforts des québécois pour préserver leur langue et leur patrimoine par force de loi, au besoin. Je voudrais leur dire aussi que l'assimilation n'est pas un fichier binaire simple telle qu'une personne est un « nous » ou un « eux ». Nous n'étions pas transformés en « aliens » du jour au lendemain.
Un grand nombre d'entre nous sont encore Québécois dans nos cœurs et nos esprits sinon dans nos langues. Même après plusieurs générations, je me sens encore comme si je faisais partie du « grand-Nous » de Franco-Nord-Américains. L’assimilation est un phénomène complexe agissant à plusieurs niveaux, à l'instar de notre culture.
En 1970, il y avait 764 443 Franco-Américains en Nouvelle Angleterre. Si on exclu la vallée de l’Outaouais… C’est plus que dans le ROC!
ReplyDeleteTaux d’assimilation des francophones au Canada par provinces en 2011
https://www.facebook.com/#!/photo.php?fbid=480372472012243&set=a.324109114305247.73488.156743514375142&type=3&theater
Les données sont sans équivoque : le train de l'assimilation a quitté la gare et même des provinces avec une solide base francophone comme l'Ontario et le Nouveau-Brunswick sont sur la voie de l'ethnocide de leur minorité de langue française. L'assimilation des francophones est en constante augmentation au Canada.
Dans vingt ans au rythme ou va l’assimilation il ne restera pas beaucoup de Canadien français au Canada.............
ReplyDeleteTrès bon texte, malheureusement anonyme. Pourquoi parle-t-on une langue? Parce qu'elle est utile, c'est aussi simple que cela! Si on veut que le français prospère il faut que tout le monde y mette du sien. Que le simple citoyen s'adresse toujours en français au nouvel arrivant d'où qu'il vienne. Qu'il exige d'être servi en français. Que l'entrepreneur, l'industriel, l'universitaire, etc. fasse du français la langue de travail de son institution, de son entreprise. Soyons fiers et travaillants et notre langue prospèrera. Yves Petit, Dollard-des-Ormeaux
ReplyDeleteLe texte n'est pas anonyme. Il a été écrit, comme tout le reste sur ce site par David Vermette, une franco-américaine originaire du Massachusetts.
DeleteMy parents spoke French at home in the 1920's. Instruction in public schools was only in English. My mom went to French Catholic school and spoke French for half the day. Both went to college and were the only ones in their generation to do so. They expected us to go to college, only spoke the best English to us and would not allow us to use English slang. I regret the language loss but certainly appreciate their efforts to push us forward. Now that the kids are out of the house I work on Quebecois fiddle tunes and my meat pie recipe. A lot lost and a lot gained.
ReplyDeleteMake Nouvelle-France great again.
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